L’ivresse des calories

J’ai perdu beaucoup de poids sur le PCT. En tout treize kilogrammes. Pourtant je mangeais, jour après jour, le maximum de calories que je pouvais faire pénétrer dans ma bouche. J’ai même voulu essayer de prendre des bonbons au cannabis pour m’aider à plus manger quand j’étais en ville. Le nombre de Snickers que je pouvais avaler en un jour est même devenu légendaire et j’ai inventé le « Snickers challenge », qui consiste à manger uniquement des snickers pendant 24heures.

Mais quels que soient mes efforts pour me gaver, et même si je n’ai jamais manqué de nourriture sur le trail, j’étais toujours en déficit de calories.

Quelques mois après avoir commencé mon chemin, j’ai commencé à ressentir un curieux phénomène. Quand j’arrivais en ville, et le plus souvent sans passer par la case douche, je filais à la boulangerie, diner, pizzeria, coffee shop le plus proche et j’avalais tout ce qui me tombait sous la main. Trois part de gâteau et trois cappuccinos d’affilé était un classique pour moi. La dégustation ne prenait pas trop de temps, du moins perdu comme je l’étais dans la soudaine abondance retrouvée de nourriture, d’internet et de batterie. La moindre nourriture qui n’était pas juste déshydratée et bouillie devenait le plus succulent des festins.

Alors mon esprit commençait à se dissiper, et je me sentais éméché, loin de toute préoccupation. C’est ce que j’appelais le « Calorie High », qui ne durait que quelques heures mais enveloppait tout mon corps d’une sensation de bien être intense. C’était comme après avoir pris du cannabis ou une demi-bouteille de champagne.

Je ne ressentais pas la faim et le manque, car mon corps s’était habitué à la nourriture monotone, calorique mais insuffisante, mais le retour de l’abondance me rappelait l’influence discrète mais profonde que le chemin avait pris sur mon expérience.

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