Banning, ville fantôme

Par bien des aspects, Banning a été une transition pendant le PCT. Elle a d’abord été un refuge pendant la tempête. Un repos après notre premier sommet. Et le début de la dissolution de notre petite communauté.

En arrivant à Banning, je voulais une seule chose : un Sunday. Ville et glace, glace et repos ont été une constante pour moi : incapable de consommer assez de calories sur la piste, je tentais ainsi de reconstituer mes réserves de gras pour tenir un peu plus longtemps.

Et après avoir été mangé dans le restaurant en face du motel où nous avions trouvé refuge pendant la tempête de vent, le Farmer Burger qui proposait des plats dont la générosité pouvait satisfaire à nos appétits, je me suis mis en quête de la glace promise.

En face du motel se trouvait un Mac Donald. C’est donc tout naturellement que je suis allé chercher mon Sunday. En arrivant devant les portes du restaurant, je trouvais les portes closes, l’intérieur vide, un éclairage crépusculaire et devant le drive, quelques employés. Je vais au Taco Bell à coté ; même chose, et ainsi pour le burger King, le pizza Hut, le KFC.

De cette ville au bord de l’autoroute qui relie palm Spring à Los Angeles, le Covid a fait son œuvre. Dans un pays dédié à l’automobile, les gens ne s’arrêtent plus, ne vont plus dans les restaurants et les espaces démesurés de ces derniers sont fantomatiques.

Il y’a quelque chose d’extrêmement frustrant de voir tous ces fastfoods servir la nourriture grasse de mes rêves, sans pouvoir y accéder. C’était le début du PCT ; à la fin du voyage, je serais allé me planter au milieu du drive jusqu’à ce que je sois servi. Ce jour-là, nous n’avons collectivement pas osé.

Le lendemain, nous avons marché avec Idaho jusqu’au centre-ville. Là encore, les trottoirs étaient désertés, le centre-ville aussi. Dans les jardins desséchés, des chiens qui aboient. Il y’a quelque chose qui se meurt dans ce monde, le vide occupait mon esprit bien plus que seul dans la montagne.

J’étais au Far West et Banning déjà, paraissait mourante, dépeuplée, une ville fantôme agrippée à l’autoroute qu’elle bordait comme à une bouée de sauvetage. Autour de nous, le vent hurlait, des débris volaient et nous étions quand même heureux d’être là, protégés.

Au cours du séjour, Nick nous a semblé de plus en plus soucieux et impatient de reprendre la route. Je pense que pour tous les gens en couple, la séparation pose un vrai souci. Nous suivons une voie intérieure, une force qui nous pousse à aller faire le Thru-hike, mais personne n’ignore que pour les gens qui restent, et qui ne sont pas drogués aux endorphines et à la beauté des lieux, accepter l’isolement est plus difficile.

 En pratique :

Banning est la ville la plus proche du PCT depuis l’autoroute et beaucoup moins chère que Palm Spring. Elle a vraiment tout ce dont vous pouvez avoir besoin (sauf dans mon cas, des sundaes).

Le Farmer Burger était excellent et copieux, le motel où nous sommes restés était correct et accueillant mais il ne fournissait pas le petit déjeuner promis sur Booking.

Mention spéciale pour le super marché mexicain. A proximité une laverie automatique. Le seul souci que nous avons eu est qu’ils ne vendent pas de lessive unidose, mais nous en avons acheté à une dame qui lavait son linge.