En finir avec Wild

Tu fais le PCT comme Reese Witherspoon ?

En France, le PCT est principalement connu grâce au film avec Reese Witherspoon ou encore le livre de Cheryl Strayed. Une histoire magnifique de rédemption, de deuil et de bataille contre l’addiction par la marche sur le chemin des crêtes.

L’expérience de Cheryl Strayed qui a fait environ un quart de l’itinéraire, en sautant certaines étapes parmi les plus belles, en multipliant les erreurs, n’a que peu à voir avec la randonnée, ou le PCT. Cette femme était très chanceuse, ce qui lui a permis de survivre et de trouver la paix et le bonheur ,c’est heureux pour elle, et le livre est une belle histoire. Pour la grande majorité des marcheurs du chemin des crêtes du pacifique en revanche et pour moi en particulier, nulle recherche de rédemption et je n’ai pas eu de grande révélation, ni même de franche évolution de mon tempérament. Je suis toujours l’idiot têtu qui peut réduire en pièce des écouteurs dysfonctionnels dans un accès de rage.

Le PCT n’est pas non plus Into the Wild. Bien sûr, c’est dans la nature, et loin de la civilisation mais tous les 8-9 jours au maximum, on croise une ville, on se ravitaille en nourriture avant de repartir, on peut prendre une douche et laver ses vêtements dans une machine à laver. Tous les jours, à quelques rares exceptions près, on est avec des amis, des marcheurs. On ne revient pas à l’état sauvage, on ne chasse pas d’écureuils pour se nourrir. On n’en a pas le temps. On ne fuit pas la civilisation car on attend avec une certaine excitation la prochaine pizza.

Je suis fier du chemin accompli, je pense que je me connais mieux, mais je ne fuyais pas d’addiction à des drogues dures, ni de conflits. Dans la journée j’écoutais des audio books et des podcast, mais en dehors de ces moments, mes pensées étaient répétitives, obsessionnelles et terriblement terre à terre.

Combien de kilomètres jusqu’à la prochaine source d’eau. Combien de kilomètres jusqu’à la pause déjeuner, jusqu’au camp. Qu’est ce que je vais manger à midi. Est-ce que j’ai assez de snacks. Je m’assoie sur ce rocher pour faire une pause ou j’attends d’être en haut de la montée. J’ai mal au dos. Il est l’heure de trouver un endroit tranquille pour creuser un trou de chat. Est-ce que je peux arriver à la prochaine ville avant le déjeuner dans deux jours si je pousse de cinq kilomètres supplémentaires ce soir ? Où est passé mon équipe, j’aurais dû les rattraper à cette heure-ci.

Et ainsi de suite.

Marcher est l’activité la plus prosaïque du monde, jusqu’à ce que tu lèves les yeux et que la beauté du paysage t’arrache des larmes de joie.

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